Les origines de la collection de sciences physiques
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Le cabinet scientifique de l'abbé Nollet
Diacre, licencié en théologie, Jean-Antoine Nollet (1700-1770) s'adonna très tôt à des expériences de physique. Après avoir voyagé et ouvert à Paris un cours de physique, il devint membre de l'Académie des Sciences et fut appelé à Versailles, en 1744, pour donner au fils de Louis XV des leçons de physique expérimentale.
Nommé, en 1759, maître de physique des Enfants de France, il est chargé par le roi d'installer un cabinet de mécanique et de physique à l'hôtel des Menus-Plaisirs, bâti à Versailles, en 1750, entre l'avenue de Paris, la rue de l'Assemblée nationale et la rue des Chantiers. Après avoir fait paraitre plusieurs ouvrages sur l'électricité (Essai sur l'électricité des corps et Lettres sur l’électricité) qui vont susciter un véritable engouement à Paris, il donne, à la fin de sa vie, dans L'Art des expériences, la description des appareils de physique dont il se servait pour ses cours. À sa mort, en 1770, son successeur comme maître de physique et d'histoire naturelle, M. Brisson, augmentera le nombre des appareils. Les leçons comprenaient l'étude de la mécanique et des parties de la physique alors connues.
Le lycée Hoche possède-t-il des appareils de l'abbé Nollet ?
Nous connaissons grâce à la publication d'Edmond Léry de 1935, l'inventaire des machines et instruments de physique qui servaient pour l'éducation des Enfants de France au 31 décembre 1765. Presque deux cents objets composaient alors le cabinet de physique installé à l’hôtel des Menus-Plaisirs. Contrairement à la tradition, ils n'ont pas tous rejoint, à la Révolution, le musée de l'École française de Seine-et-Oise et, à sa suppression, le lycée Hoche. Celui-ci conserve quatre instruments du XVIIIe siècle réalisés selon les principes de l'abbé Nollet et décrits dans le premier tome de L'Art des expériences. Ils sont reconnaissables à leurs socles laqués noirs ou rouges semés de ramages et de fleurs d'or et rehaussés de filets d'or, et concernent essentiellement l'étude de la mécanique : une vis d'Archimède, un plan incliné avec paroi munie d'anneaux, une presse et un plan incliné à trois rainures. Curieusement, tous les instruments relatifs à l'électricité ont disparu, notamment la fameuse machine électrique citée dans les inventaires révolutionnaires comme venant de l'abbé Nollet. Par contre, d'autres objets du XVIIIe siècle, un éolipy1e monté sur un chariot à trois roues, en cuivre, et un baromètre, semblent bien venir de l'abbé Nollet.
Le musée de l'Ecole française
De 1792 à 1806, la collection du musée de l'École française fut constituée au palais national de Versailles avec des objets provenant des saisies révolutionnaires, en particulier ceux des deux cabinets scientifiques de l'abbé Nollet ct de M. Fayolle. Les objets du cabinet de physique de l'abbé Nollet - dont il faut signaler que beaucoup avaient été dispersés - ne furent réunis qu'en partie au château de Versailles pour servir de fonds au musée de l'École française et à l'École centrale du département de Seine-et Oise qui lui était adjointe.
Denis-Jacques Fayolle, nommé alors conservateur du Muséum d'histoire naturelle et Antoine-Joseph Dellard, professeur de physique et de chimie, vont compléter ce fonds grâce à des objets provenant d'autres cabinets d'amateurs. C'est ainsi que des instruments du XVIIIe siècle postérieurs à l'abbé Nollet - un chasseur électrique destiné à illustrer la formation de l'électricité statique, un dynamomètre, un télescope de Claude-Simon Passemant, ingénieur du roi au Louvre - vont s'ajouter à la collection d'objets scientifiques. En effet, avec la Révolution, la science se doit d'être accessible à tous par le biais de l'enseignement. À la suppression de ces écoles en 1804, la collection du musée de l'École française va être répartie entre le lycée Impérial (lycée Hoche), la bibliothèque municipale de Versailles et certains musées parisiens (musée de l'Homme, musée national des Arts et Métiers).
Au XIXe siècle, après leur arrivée au lycée Hoche, ces collections ne vont cesser de s'enrichir, s'adaptant à la spécificité de l'enseignement de cette école tournée vers les sciences et répondant à son souci d'une formation solidement basée sur l'instruction en laboratoire. À côté des objets de démonstration, conçus pour certains à la manière de Nollet et concernant la mécanique - cabestan, grue, treuil démultiplié, etc. - et d'autres techniques - machines à vapeur, pesanteur, optique, électrostatique -, on trouve des appareils adaptés aux nouveaux champs de recherche comme l'électromagnétisme, l'électrodynamique, l'acoustique, la chromatographie, l'élude des polarisations, la cristallographie et la spectroscopie. Ces sciences nécessitaient d'autres instruments et des appareils nouveaux furent construits pour la démonstration et l'enseignement. Répondant à cette demande, les fabricants d'instruments s'industrialisèrent.
D'après le texte écrit par Nicole de Blic et Jean-Daniel Roque à l’occasion de l’exposition « Les choix de la mémoire. Patrimoine retrouvé des Yvelines » (18 octobre 1997 – 15 février 1998 au Musée de l’Hôtel-Dieu à Mantes-la-Jolie)